Au fil de ma fantaisie et de mes humeurs

Au fil de ma fantaisie et de mes humeurs...

vendredi 23 juillet 2010

Jour de fête au Gois

Pour Stéphanie, qui ne me croit pas…



C’était pourtant une nuit calme de printemps, mais la lune dans le coin de ma fenêtre, plate, blanche et méchante, troublait le repos des hommes et infusait angoisses et cauchemars.

Alors j’ai vu. J’ai vu toute cette horreur, qui fut ou qui sera, comme si la lune avait voulu me montrer toute sa puissance maléfique.

La lune était soleil, et des nuages noirs couraient dans le ciel bleu, poursuivis par leurs ombres sur la vaste grève de sable et de vase. La lune et le soleil avaient produit une grande marée, vers midi, un coefficient exceptionnel de 116, pour ce week-end prolongé. La marée du siècle, avaient dit les télés, à ne pas manquer. Les gens par milliers, avaient choisi la Baie de Bourgneuf et le passage du Gois pour aller à la pêche à pied et voir le spectacle.

Dès la veille au soir, les camping-cars avaient occupé les quelques places de stationnement disponibles, et on s’était couché tôt pour être les premiers à « profiter ». Peu s’étaient aperçus que la mer au matin avait inondé le parking jusqu’au moyeu des roues, mais quelle importance…

Je vis les enfants en premier, galopant dans le flot clapoteux de l’eau qui partait vers le goulet de Fromentine, d’un rapide courant en travers de la chaussée, emportant du sable et déposant du goémon. Mais bientôt  la route s’ouvre, et les voitures, de chaque côté, s’avancent en file, au pas, pour attendre que les petits parkings marins, sur la grève côté Nord, émergent enfin, là où le sable s’accumule, tandis que de l’autre un fossé de parfois 50 cm draine l’eau vers l’océan.

Je vois encore la file atteindre Beauvoir sur le continent, et La Guérinière ou Barbâtre sur l’Ile, car les plus malins, voyant les embouteillages, ont pris par le Pont pour atteindre le Gois par l’autre rive. Les plus sages se garent le long de la route, et partent à pied, mais les autres continuent pour se rapprocher.

Vers midi, la grève est couverte de monde, les parkings sont pleins, l’ambiance est joyeuse et insouciante.  Mais les voitures venant du continent finissent par rencontrer celles qui viennent de l’Ile. Il est difficile de se croiser, parce que la foule est partout, parce qu’une caravane ne peut en croiser une autre, à cause d’un « 44 », un nantais sûrement, garé sur le bas-côté, 2 roues dans la vase. Les gens s’énervent, ils ne peuvent reculer, et n’avancent plus. S’ils ne trouvent pas rapidement une place, ils vont rater la marée.

Peu après 1 heure, le vent se lève, et la mer se renverse. Au loin, les gratteurs de vase cessent de chercher leurs coques ou leurs palourdes, car la première vague vient boucher leur trou. La deuxième vague arrive, vite, et fait un mètre de plus tout au long du sable. Les suivantes se pressent, de plus en plus audacieuses, la mer avance plus vite qu’on ne se l’imaginait. Alors, on rentre, portant son butin dans des seaux, plus qu’on ne peut en manger, mais c’est le plaisir de la pêche, parce que c’est gratuit. Tant pis s’il en pourrit.

D’abord on marche, parce qu’on est fatigué et que les seaux sont lourds, et il y a encore du chemin à faire, 2 à 3 km. Mais il faut vite se mettre à courir, c’est difficile de marcher avec de l’eau aux mollets. 500 mètres plus loin, l’eau est aux genoux, et les enfants commencent à avoir peur. Maman, dépêche-toi, l’eau monte ! Le vent se fait plus fort.

Aux abords de la route, les gens continuent à pêcher tranquillement, ou se congratulent près du coffre ouvert de leurs voitures, ôtant leurs bottes et rinçant leurs jambes. Il va être temps de partir pour pique-niquer sur la digue.

Il a été plus tard difficile de reconstituer l’enchaînement des circonstances qui ont conduit à la tragédie. Un camping-car a serré trop à droite, et il a versé sur le côté dans la vase. Des personnes leur ont porté secours, laissant leurs voitures moteur allumé sur la route. Ailleurs, un type n’a pas retrouvé pas ses clés de voiture, sans doute tombées dans la vase. Mais sa voiture bloque la sortie, et un concert de klaxon commence, plus par panique que par impatience. Les entrées du Gois sont toujours obstruées par ceux qui veulent voir le spectacle de la marée montante, et ceux qui veulent partir sont bloqués, des 2 côtés.

La mer arrive, près de la première balise côté continent et commence à franchir la route. Le conducteur fait signe à celui de derrière de reculer, mais il n’y a pas moyen. Ils sont pris au piège.

 Le vent s’est levé à force 5, et l’eau recouvre maintenant la route de 30 cm, avec un fort clapot, et se jette en cascade vers le goulet : un gosse glisse, emporté par le courant, sous les cris impuissants des parents. Bientôt l’eau est à plus de 50 cm et bat contre le flanc des voitures. Une Clio est emportée et part comme un bouchon en tourbillonnant.

L’alerte est enfin donnée, à partir du café du Gois. Les pompiers ont l’habitude d’intervenir, une à 2 fois par an, ils ont un hors-bord. Mais il leur faut du temps pour arriver en pimponnant sur les routes bloquées. Alors ils se rendent compte enfin du désastre.

 La préfecture est alertée, mais c’est aussi le week-end pour elle. On trouve le fonctionnaire de permanence de la Protection civile, et tout se met en route, enfin, quand la mer est déjà haute, près de 2 mètres d’eau sur la chaussée. Quelques dizaines de personnes seront sauvées, dans la nuit, accrochées aux balises de secours, étrangement stupéfaits d’avoir survécu, pour avoir su donner des coups de pied sur les doigts de ceux qui, en dessous d’eux, essayaient de grimper.

Entre 500 et 1000 morts selon les estimations, qu’on mettra plusieurs semaines à retrouver le long des plages. Des centaines de voitures emportées, leurs noyés coincés à l’intérieur. Une indignation nationale.

Le Président de la République est arrivé dès le lendemain. Devant le gymnase de Fromentine devenu chapelle mortuaire, s’adressant aux victimes vers lesquelles toutes ses pensées sont tournées, il dira : « Je comprends pas qu’on a pas interdit la circulation sur une route nationale. Je vous le dis comme je le pense, désormais la route du Gois est interdite à la circulation tous les jours de 10h à 16h». Victime expiatoire, le préfet a été viré et remplacé par un policier.

L’aube me trouva épuisé. Mais j’avais vu ce qui a été ou qui sera. 

mercredi 7 juillet 2010

Ça m'est égal!

Sous les horions de l’opposition, à l’Assemblée Nationale, un homme seul crayonne une feuille de papier. En haut de la feuille, il a écrit : « ça m’est égal ».

Cet homme, c’est l’honnête maire de Chantilly, ministre du Travail et trésorier de l’UMP. Il ne se doute pas que les caméras de TV peuvent zoomer jusqu’à ce texte pathétique, qui montre à l’évidence que ça ne lui est pas égal. Sous son visage lisse de notable (de l’Oise), et son air de comptable sérieux, il bout, il est désespéré, mais il ne le montre pas, car c’est un homme, un vrai, qui n’a pas de faiblesse. Au pire, il utilise la méthode Coué, ça lui est égal.

Pourtant que de vacheries ! Sarkozy lui avait promis, pour de tels cas, la suppression du juge d’instruction, et ce n’est toujours pas fait. Le juge Courroye, qu’on avait dans la main, fait sa chochotte. Le louffiat prend des enregistrements en douce, la comptable se met à table. On n’est plus servi... L’argent, l’argent du RPR, l’argent de l’UMP maintenant, pourrit tout, et Satan conduit le bal…

Et puis si les Bleus avaient été moins cons... on tenait jusqu'au 11 juillet. Le vélo, c'est pas si bien.

La comptable, qui a eu 500 000€ d’indemnités de licenciement, pour prix de son silence sans doute, mais on ne lui a pas dit explicitement, raconte qu’elle tirait 50 000€ par semaine pour les frais courants, payer le personnel par exemple. Ah bon, elle fraudait l’Urssaf aussi, la vieille? Le CESU, elle ne connait pas ? C’est vrai que la niche est plafonnée, bientôt supprimée, et qu’au-delà on a intérêt à payer au noir.

« On ne va pas quand même prendre plus de 50% de ce que les gens ont gagné par leur labeur, une vie de travail… » : c’est l’argumentaire (« les éléments de langage ») du bouclier fiscal. Et Liliane, qui ne s’est donné que la peine de naître au bon endroit, et de donner des diners, vient d’un coup ruiner toute l’idéologie sarkoziste.

La Sarkozie en déroute, à Waterloo ! Lui qui, comme Bonaparte à Arcole, était sur toutes les balles, dictant son fait à l’univers, justifiant ses caprices par ses certitudes, arrêtant la guerre en Géorgie, et moralisant le capitalisme, le voici suppliant Joyandet de ne pas démissionner, puis Blanc de démissionner, oubliant Rama Yade, Fadela Amara et les autres.

Tout part en eau de boutin. Barouin veut revenir sur la TVA des bistrotiers et la défiscalisation des intérêts d’emprunts immobiliers, le bouclier fiscal est intenable politiquement (on rembourserait les hausses d’impôts aux plus riches), la détaxation des Heures Sup est devenue contreproductive en ces temps de crises. On détricote tout…

Sarkozy, espèce d'acculé, sale fils de potes...

Woeth démission : ça m’est égal ! Fillon démission : ça m’est égal ! Mais Sarkozy démission, oui ! C’est la seule bonne décision, la seule pour empêcher Marine d’aller faire son marché dans les eaux troubles du populisme. La seule pour essayer de reprendre un peu de dignité à l’international. Et ça, ça ne m’est pas égal ! 

samedi 3 juillet 2010

Facteur un jour, facteur toujours!

M Sarkozy a dû renoncer, pour l'instant du moins, à privatiser la Poste, pardon, à "ouvrir son capital" à des minoritaires.

Dans la logique actuelle, il convenait donc de punir les stakeholders, de même que le Monde doit être privé de la subvention de modernisation de son imprimerie, pour crime de lèse-copains.

Le personnel en premier : je vous ai déjà raconté que dans les nouveaux bureaux de poste, les agents étaient préposés à ne pas servir les clients : il faut aller vers les machines automatiques. Un timbre? La machine, pour avoir une vignette. Un  carnet de timbres? La machine! Mais je ne veux pas de Marianne, je veux des beaux timbres! Alors oui, faites la queue! Je ne vois d'autre raison à cette politique que la volonté que les dames postières se fassent constamment agressées par les clients mécontents.

La police a verbalisé un facteur rennais, un facteur commun, au motif qu'il "conduisait son vélo d'une main". "Sans les mains", précisent les poulets. Il faut dire que ce facteur est noir, ceci explique aussi cela. Le pauvre, en plus de ses 22€ d'amendes, a eu droit à des réflexions du genre "t'es pas ici chez toi". Ah, je me sens en sécurité, maintenant, dans mon pays!

Les clients ensuite : non seulement le timbre augmente à une vitesse record, mais les services diminuent. Au  1 juillet, on ne fait plus de réexpéditions. Il faut aller acheter des enveloppes de réexpédition, payantes. Et ils précisent que les étiquettes auto-collantes ne sont plus admises. Cochon de clients : tu dois te faire tout à la main, ça t'apprendra à nous donner du boulot en plus.

Déjà, le paquet poste est à un tarif dissuasif. La belle politique!

Politique qui est dénoncée par la Cour des Comptes : la Cour s'inquiète de la baisse de l'activité courrier!

Mais c'est évident, c'est le syndrome du directeur de la SNCF qui, recevant un rapport d'audit concluant qu'elle perdait de l'argent sur chaque passager transporté, décide de prendre l'avion pour ne pas accroitre le déficit.

Quand on a des recettes variables, de faible valeur mais en grand nombre,  face à des coûts fixes, il faut développer le volume coûte que coûte! La seule limite est que le cout marginal du service soit inférieur au prix de vente. A part ça, toute vente supplémentaire vient couvrir des couts fixes.

Non, ils n'ont pas compris ça! Ils font tout pour dégouter les clients, et la seule solution à terme est la liquidation totale des actifs (au sens comptable, bien sûr!).

Bravo, toutes mes félicitations! Votre avenir est tout tracé : comme à France Télécom...

vendredi 2 juillet 2010

Et bien voila!

Bienvenue sur ce blog, qui prolonge l'ancien, que certains lecteurs connaissent. Ils y retrouveront, j'espère, l'écho de mes curiosités, de mes étonnements, de mes coups de gueule, en ne suivant que ma fantaisie et mes envies du moment.

On verra bien ce qu'il deviendra : merci à mes fidèles lecteurs de ne donner son adresse qu'à des personnes sensées.

PS : Woerth worse?